Conférence de Jacques Issorel – 12 hommes « bons »

 

12 hommes « bons »

«Soy, en el buen sentido de la palabra, bueno»

Antonio Machado

 

Je vais vous parler des 12 hommes qui jouèrent un rôle essentiel pendant les 26 jours qui précédèrent la mort du poète et au cours des années qui depuis se sont écoulées.

Le premier, chronologiquement parlant, c’est José Machado, le frère d’Antonio, qui l’accompagna avec sa famille de Madrid à Rocafort, puis à Barcelone et enfin à Collioure. José, auteur d’un livre de souvenirs sur son frère, Últimas soledades del poeta Antonio Machado, fut un peintre et un dessinateur de grand talent. Après la mort d’Antonio, il s’exila avec son épouse Matea à Santiago du Chili, où il mourut en 1958 sans avoir jamais revu l’Espagne et ce fut pour lui une grande douleur.

Le deuxième de ces 12 hommes s’appelait Jacques Baills. Il était de service, en qualité de chef de gare intérimaire, le 28 janvier 1939 quand, à 17 h 30, il vit descendre du train en provenance de Cerbère, cinq personnes dont le seul bagage était un parapluie : Antonio et José Machado, Ana Ruiz, leur mère, Matea et Corpus Barga, qui apporta aux Machado une aide physique et morale inestimable. José demanda à Baills s’il connaissait un hôtel qui puisse les accueillir. Baills les orienta vers l’hôtel Bougnol-Quintana, en bas de l’avenue de la gare. C’est lui qui vit sur la fiche d’hôtel remplie par Machado à son arrivée le nom d’« Antonio Machado, professeur ». Ce nom lui rappela celui du poète dont il avait étudié les poèmes, quelques années auparavant, aux cours du soir d’espagnol. En 1939, Jacques Baills avait 27 ans. Les Machado étaient dans la salle à manger. Baills s’approcha et demanda à Machado s’il était le poète qu’il connaissait et Machado lui répondit : « Oui, c’est moi ». La suite est maintenant bien connue. Baills devint l’ami du poète, lui prêta quelques livres (Maxime Gorki, Pío Baroja) et était auprès de lui quand il rendit son dernier soupir. Là ne s’arrêta pas le rôle joué par Baills, car il devint, six ans plus tard, le trésorier du « Comité des amis d’Antonio Machado ».

Mais avant de parler de ce Comité, ancêtre de la FAM, souvenons-nous un instant du mari de Juliette Figuères, Sébastien Figuères, père de notre cher Georges Figuères, qui fournissait les frères Machado en papier à lettres, timbres et cigarettes.

Le « Comité des amis d’Antonio Machado », créé dès la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, eut comme président Félix Mercader, maire de Perpignan, tandis que son trésorier fut Jacques Baills. Faisaient aussi partie dudit comité : le peintre et sculpteur Henri Frère, l’architecte Cyprien Lloansi et Manolo Valiente, libéré trois ans plus tôt du camp du Barcarès. La cheville ouvrière du comité était son secrétaire général : Paul Jean Combeau, alors âgé de 52 ans, instituteur, militant syndicaliste et communiste, mais déjà à cette époque exclu du parti. C’est sous l’impulsion du « Comité des amis d’Antonio Machado » que fut construit le tombeau du poète et de sa mère, sur des plans dessinés par Cyprien Lloansi.

Un nom s’impose à nous maintenant : celui de Josep Maria Corredor, qui, au nom du Comité, écrivit et publia dans Le Figaro Littéraire du 12 octobre 1957 son désormais célèbre article : « Un grand poète attend son tombeau ». En conclusion, Corredor faisait un appel aux dons pour financer les travaux de construction de la tombe. On sait que 413 472 francs furent ainsi réunis. Les donateurs étaient aussi bien des gens célèbres (Pablo Casals, Albert Camus, André Malraux, René Char) que des inconnus, des étudiants même, comme ceux de la Faculté des Lettres de Rennes qui organisèrent un gala pour récolter de l’argent. C’est ainsi que les exilés qu’étaient Antonio Machado et Ana Ruiz purent trouver, et pour toujours, dans le cimetière de Collioure, une « patrie posthume », selon l’heureuse expression d’Oriol Ponsatí Murlà. La parcelle de terrain fut offerte par la mairie de Collioure.

La double réinhumation eut lieu le 16 juillet 1958. Quelques semaines plus tard, Pablo Casals se rendit seul de Prades au cimetière de Collioure avec son violoncelle et joua devant la tombe, pour le poète et sa mère, le Cant dels Ocells.

Les années passèrent. La tombe d’Antonio Machado devint un lieu de pèlerinage laïque, républicain et poétique et c’est en 1977 qu’à l’initiative de Monique Alonso, Antonio Gardó et Manolo Valiente fut créée la Fondation du Prix international de Littérature Antonio Machado, devenue depuis Fondation Antonio Machado, dont l’aventure continue aujourd’hui, magnifiquement portée par la présidente, Joëlle Santa-Garcia, par Soledad, Jacques, Marie-Thérèse, Quéti, Marie, Mercedes, Bastien et Grégorie, noms auxquels j’ajouterai celui de Denise, membre de droit du Conseil d’administration.

Revenons à 1977. Antonina vous a parlé de Monique Alonso, je vais donc rappeler qui furent Antonio Gardó et Manolo Valiente. Le premier, Antonio Gardó Cantero, né à Valencia en 1909 et mort à Paris en 1997, était un instituteur de la République. Il franchit la frontière en février 1939 dans le flot de la Retirada, fut interné au camp d’Argelès et, une fois libéré, alla vivre à Paris, où il exerça comme professeur d’espagnol et fut l’un des fondateurs de l’Ateneo Iberoamericano de París et même son secrétaire général de 1957 à 1993. C’était un homme chaleureux, généreux, doté d’une belle voix et d’un riche bon sens, si bien que lors des réunions de la Fondation, assemblées générales entre autres, son avis était très écouté… très écouté par tous, mais pas toujours partagé par Manolo Valiente qui, lui aussi, avait une forte personnalité. Leurs duels oratoires, mais toujours amicaux, sont encore dans la mémoire de ceux qui eurent la chance de les entendre.

Manolo Valiente était né en 1908, un an avant Antonio Gardó. C’était un Andalou, de Morón de la Frontera, un artiste promis à un bel avenir quand éclata la guerre civile. Il fut incorporé à la 28e brigade du 1er corps de l’armée républicaine et gravement blessé à la colonne vertébrale sur le front de Somosierra, de sorte que, lors de la Retirada, il franchit la frontière à pied par le col de Llí, au-dessus de Las Illas, le torse ceint d’un corset de plâtre qu’il dut garder encore plusieurs mois. Après diverses péripéties, il fut interné au camp de Bram, puis au camp du Barcarès, à celui d’Argelès et de nouveau au Barcarès, dont il ne fut libéré qu’en novembre 1942. Pendant ses séjours dans les camps, il écrivit des poèmes, des romances, qu’il publia en 1949 sous le pseudonyme éloquent de Juan de Pena. Ce recueil portait le titre de Arena y viento. Valiente le publia dix ans exactement après la Retirada et en hommage aux exilés républicains. Il le publia à compte d’auteur, en s’endettant pour payer l’impression de cet ouvrage aujourd’hui très recherché par les bibliophiles. Après des années très dures, Manolo réussit à vivre de son art, la sculpture et la peinture, et mourut à Perpignan en 1991. C’est lui qui eut l’heureuse idée d’installer une boîte aux lettres sur la tombe du poète. De 1977 jusqu’à sa mort, soit pendant 14 ans, il fut le secrétaire général actif de la Fondation, mais déjà en 1990, fatigué par la maladie, il reçut l’aide de Miguel Martínez, qui devint secrétaire général en 1991.

Manolo et Miguel, deux tempéraments différents, mais deux hommes, deux amis, animés par la même passion, la même dévotion pour le poète et son œuvre. Miguel, né en 1931 à Valencia, connut lui aussi l’exode avec sa famille en 1939, mais un exode d’un type particulier, puisque avec quelque 20 000 Levantins il gagna l’Algérie en bateau, sur un chalutier, grandit en Algérie, y fit des études, y exerça en qualité de professeur d’espagnol et ne quitta son pays d’accueil qu’en 1965. D’abord professeur à Beauvais, il continua et acheva sa carrière au collège Paul-Langevin à Elne. Miguel était un homme aussi discret qu’efficace, fidèle en amitié, et, en compagnie de Line, un grand voyageur. De ses souvenirs de petit Espagnol de 8 ans exilé en Algérie, puis de ces années de vie et de travail dans ce pays il a tiré un livre admirable Casbah d’oubli, vite épuisé, réédité et traduit en espagnol sous le titre de Alcazaba del olvido. Miguel, qui était aussi un poète sensible et profond, a assuré la tâche de secrétaire général de la FAM pendant 22 ans, jusqu’en 2013. C’est lui qui, de 1993 à 2011, composa pendant 19 années consécutives la Revue annuelle de la Fondation Antonio Machado de Collioure, où dans chaque numéro il rassemblait patiemment, méthodiquement, tout ce qui concernait les activités de la Fondation. Ces 19 numéros sont un document d’une valeur inestimable pour nous aujourd’hui, tout comme l’Histoire de la Fondation Antonio Machado, dont il rédigea la deuxième partie (1992-1997), la première, qui couvrait les années 1977-1991, ayant été rédigée par Antonio Gardó.

Chaque mois de février, pendant de longues années étaient aussi présents à Collioure Georges Colomer, auteur avec sa femme Josette de la riche anthologie Les poètes ibéro-américains et la guerre civile espagnole (1980), et Julián Antonio Ramírez, époux d’Adelita del Campo, combattant de la guerre civile, interné au camp de St Cyprien, puis à celui de Gurs, avant d’entrer dans la Résistance et d’être, après la fin de la guerre, l’une des voix les plus écoutées de Radio París et l’auteur du beau livre Ici Paris. Memorias de una voz de libertad (2003).

J’ai gardé pour la fin un homme qui, dans la discrétion, donna beaucoup de lui-même à la Fondation, fut conseiller municipal de Collioure et trésorier de la Fondation de 1977 à 2013, soit pendant 36 ans. Vous l’avez deviné : il s’agit de notre ami Paul José Combeau, qui marche gaillardement vers ses 95 ans. Pour terminer, et en dernier hommage à tous ces hommes « bons », comme disait Machado, je vais redire leurs noms, par ordre alphabétique cette fois, en ajoutant les noms de personnes que j’ai aussi citées : Jacques Baills, Corpus Barga, Pablo Casals, Georges Colomer, Paul Jean Combeau, Paul José Combeau, Josep Maria Corredor, Sébastien Figuères, Henri Frère, Antonio Gardó, Cyprien Lloansi, José Machado, Miguel Martínez, Julián Antonio Ramírez et Manolo Valiente.

Jacques Issorel


 

Doce hombres «buenos»
«Soy, en el buen sentido de la palabra, bueno»
por
Jacques Issorel

Les voy a hablar de los doce hombres que desempeñaron un papel esencial durante los veintiséis días anteriores a la muerte del poeta y durante los años que transcurrieron desde aquel entonces.

El primero, por orden cronológico, fue José Machado, el hermano de Antonio, que lo acompañó con su familia de Madrid a Rocafort, luego a Barcelona y por fin a Collioure. José, autor del libro de recuerdos sobre su hermano, Últimas soledades del poeta Antonio Machado, fue un pintor y un dibujante de gran talento. Después de la muerte de Antonio y de su madre se exilió con su esposa Matea a Santiago de Chile donde murió en 1958 sin nunca regresar a España, lo que le produjo un gran dolor.

El segundo de esos doce hombres se llamaba Jacques Baills. Estaba de servicio como sustituto del jefe de estación el 28 de enero de 1939 cuando, a las cinco y media de la tarde, vio apearse del tren de Cerbere a cinco personas llevando un paraguas como único equipaje. Eran Antonio y José Machado, Ana Ruiz, su madre, Matea y Corpus Barga, que fue para los Machado una valiosa ayuda física y moral. José le preguntó a Baills si conocía un hotel que pudiera alojarlos. Baills les indicó el Hotel BougnolQuintana, al final de la avenida de la estación. Fue él quien leyó en la ficha del hotel rellenada por Machado a su llegada: «Antonio Machado, profesor». Este nombre le recordó al del poeta cuyos poemas había estudiado unos años antes en las clases nocturnas de español. En 1939, Jacques Baills tenía veintisiete años.

Cuando al día siguiente los Machado estaban en el comedor, Baills se acercó y le preguntó a Antonio si era el poeta que él conocía y Machado le contestó : «Sí, soy yo». Ahora se sabe perfectamente lo que sucedió a continuación. Baills se hizo amigo del poeta, le dejó unos libros (Máximo Gorki, Pío Baroja) y estuvo presente cuando exhaló el último suspiro. El papel protagonizado por Baills no termina ahí, pues seis años más tarde, fue nombrado tesorero del «Comité de los amigos de Antonio Machado».

Pero antes de hablar del famoso Comité, antepasado de la «Fundación Antonio Machado», es de justicia, y siguiendo el orden cronológico, recordar al esposo de Juliette Figuères, Sébastien Figuères (padre de nuestro estimado amigo Georges Figuères), quien proporcionaba a los hermanos Machado  papel de escribir, sellos y pitillos.

El «Comité de los amigos de Antonio Machado», creado al finalizar la Segunda Guerra mundial en 1945, tuvo como presidente a Félix Mercader, alcalde de Perpiñán, siendo su tesorero Jacques Baills. También integraban el Comité el pintor y escultor Henri Frère, el arquitecto Cyprien Lloansi y Manolo Valiente, liberado tres años antes del campo de concentración de Barcarès. El alma del Comité fue su secretario general, Paul Jean Combeau. Tenía entonces cincuenta y dos años, era maestro, militante sindicalista y comunista, aunque en aquella época estaba excluido del partido. Gracias al impulso del «Comité de los amigos de Antonio Machado» se levantó la tumba del poeta y de su madre, según los planos diseñados por Cyprien Lloansi.

A estas alturas, se impone recordar el nombre de Josep Maria Corredor, quien en nombre del Comité escribió y publicó en el Figaro Littéraire del 12 de octubre de 1957 su famoso artículo : «Un gran poeta está esperando su tumba» en el que solicitaba donaciones para financiar las obras de construcción de la tumba. Sabemos que se consiguió reunir 413 472 francos. Los donantes eran personas famosas (Pablo Casals, Albert Camus, André Malraux, René Char) y también personas anónimas, incluso estudiantes, como los de La Facultad de Letras de Rennes que organizaron una gala para conseguir dinero. También colaboró el ayuntamiento de Collioure concediendo el terreno. Así fue como los exiliados Antonio Machado y su madre encontraron, y para siempre, en el cementerio de Collioure, una «patria póstuma», según la expresión acertada de Oriol Ponsatí Murlà.

El 16 de julio de 1958 se llevó a cabo la segunda inhumación de Antonio Machado y Ana Ruiz. Unas semanas más tarde, Pablo Casals vino solo desde Prades al cementerio de Collioure con su violonchelo y tocó ante la tumba, para el poeta y su madre, el Cant dels Ocells.

Transcurridos los años, la tumba de Machado se ha convertido en un lugar de peregrinación laica, republicana y poética. En 1977, bajo el impulso de Monique Alonso, Antonio Gardó y Manolo Valiente, fue creada la «Fundación del Premio internacional de Literatura Antonio Machado», hoy llamada «Fundación Antonio Machado», que sigue su andadura de la mano de su presidenta Joëlle Santa-Garcia y de Soledad, Jacques, Marie-Thérèse, Queti, Marie, Mercedes, Bastien y Grégorie. Añadiré a Denise, miembro de derecho del Consejo de administración.

Pero volvamos a 1977. Antonina les ha hablado de Monique Alonso, así que voy a recordar quiénes fueron Antonio Gardó y Manolo Valiente. El primero, Antonio Gardó Cantero, nació en Valencia en 1909 y murió en París en 1997. Era maestro de la República y cruzó la frontera en febrero de 1939 con la oleada de la Retirada. Fue internado en el campo de concentración de Argelès y, después de su liberación, se estableció en París, donde ejerció como profesor de español. Fue uno de los fundadores del Ateneo Iberoamericano de París y su secretario general desde 1957 hasta 1993. Era un hombre diligente, generoso, dotado de una hermosa voz y de gran sensatez. Sus opiniones eran muy escuchadas… muy escuchadas, pero no siempre compartidas por Manolo Valiente que también tenía una fuerte personalidad. Sus duelos oratorios, aunque siempre amistosos, permanecen en la memoria de los que tuvieron la suerte de escucharlos.

Manolo Valiente nació en 1908 en Morón de la Frontera (Sevilla), un año antes que Antonio Gardó. Era un artista con un futuro prometedor cuando estalló la guerra civil. Fue incorporado en la 28ª brigada del 1er cuerpo del ejército republicano y herido de gravedad en la columna vertebral en el frente de Somosierra de modo que, cuando tuvo lugar la Retirada, cruzó la frontera por el puerto de Llí, por encima de las Illas, andando con el torso ceñido por un corsé de escayola que tuvo que llevar durante muchos meses. Después de numerosas peripecias, fue internado en el campo de concentración de Bram, luego en Barcarès, en Argelès y otra vez en Barcarès de donde no fue liberado hasta noviembre de 1942.

Durante su estancia en los diferentes campos, escribió poemas y romances, que posteriormente recopiló y publicó en 1949 bajo el seudónimo elocuente de Juan de Pena. Tituló esta recopilación Arena y viento y la publicó exactamente diez años después de la Retirada para rendir homenaje a los exiliados españoles. La publicó por cuenta propia, contrayendo una deuda para abonar la impresión. Esta obra es hoy muy buscada por los bibliófilos. Después de años durísimos, Manolo logró vivir de su arte, la escultura y la pintura, y murió en Perpiñán en 1991. A él se le debe la idea de poner un buzón en la tumba del poeta. De 1977 hasta su muerte, o sea, durante catorce años, fue un activo secretario general de la Fundación, aunque en 1990, enfermo y cansado, recibió la ayuda de Miguel Martínez, que le sucedió en el cargo en 1991.

Eran Manolo y Miguel dos temperamentos diferentes, aunque movidos por la misma pasión, la misma devoción al poeta y a su obra. Miguel, nacido en 1931 en Valencia, también vivió el éxodo con su familia en 1939, un éxodo algo particular ya que, al igual que otros 20 000 levantinos, llegó a Argelia en un barco pesquero. Permaneció en Argelia donde fue profesor de español y dejó su país de adopción en 1965. Ya en Francia, fue profesor en Beauvais y terminó la carrera en el colegio Paul-Langevin de Elne. Miguel era un hombre discreto y eficaz, fiel amigo y, junto con Line, su compañera, un gran viajero. Con los recuerdos del niño de ocho años exiliado en Argelia, de sus años de vida y de trabajo en ese país, escribió un libro admirable Casbah d’oubli, pronto agotado, reeditado y traducido al español con el título Alcazaba del olvido.

Miguel, que también era un poeta sensible y profundo, asumió la responsabilidad de secretario general de la «Fundación Antonio Machado» durante veintidós años, hasta 2013. De 1993 a 2011, elaboró durante diecinueve años seguidos la Revista anual de la Fundación Antonio Machado de Collioure. En cada número reunía con paciencia y método todo lo que se refería a las actividades de la Fundación. Esos diecinueve números representan hoy un documento de valor incalculable para nosotros. También escribió la segunda parte de la Historia de la Fundación Antonio Machado (1992 y 1997). La primera, que abarcaba los años 1977-1991 había sido redactada por Antonio Gardó.

Durante muchos años, cada mes de febrero, acudían a Collioure los hispanistas Georges Colomer y su esposa Josette, autores de la preciosa antología Los poetas iberoamericanos y la guerra civil española (1980). Asimismo participaba cada año en las conmemoraciones machadianas Julián Antonio Ramírez, esposo de Adelita del Campo, combatiente de la guerra civil, internado en los campos de concentración de SaintCyprien y de Gurs. Posteriormente formó parte de la Resistencia francesa, siendo después de la guerra, una de las voces más escuchadas en Francia y en España durante el franquismo de Radio París, y autor del hermoso libro Aquí París. Memorias de una voz de libertad (2003).

He reservado para el final a un hombre que, con mucha discreción, dio mucho de sí mismo a la Fundación Fue concejal de Collioure y tesorero de la Fundación de 1977 a 2013, o sea, durante 36 años. Ya habréis adivinado que se trata de nuestro amigo Paul José Combeau que pronto cumplirá los 95 años.

Para terminar y a modo de último homenaje a todos esos hombres «buenos» como decía Antonio Machado, volveré a nombrarlos por orden alfabético: Jacques Baills, Corpus Barga, Pablo Casals, Georges Colomer, Paul Jean Combeau, Paul José Combeau, Josep Maria Corredor, Sébastien Figuères, Henri Frère, Antonio Gardó, Cyprien Lloansi, José Machado, Miguel Martínez, Julián Antonio Ramírez y Manolo Valiente.

 Jacques Issorel