Bouches cousues, nouveau spectacle d’Olivia Ruiz


Article de l’Indépendant


Narbonne : Olivia Ruiz enchante sa mémoire

La première du nouveau spectacle d’Olivia Ruiz, Bouches Cousues, conçu et créé à Narbonne, a eu lieu mardi 1er octobre à la Scène nationale de la ville. Salle comble et émotion au rendez-vous d’un spectacle qui est redonné ce mercredi soir à Narbonne et jeudi 3 octobre à Castelnaudary.

Cette fille toute de noir vêtue porte le deuil d’un silence. Et il n’est pas simple de briser un silence, si profondément enraciné en soi. Olivia Ruiz a prouvé mardi soir 1er octobre, pour la toute première représentation de Bouches Cousues, spectacle conçu et créé dans son Aude natale, qu’elle a les épaules et le talent de porter une histoire, profonde et complexe, forte et vivante, en ce siècle où l’exil est encore d’actualité.

Bouches Cousues, c’est « un challenge un peu fou », a-t-elle expliqué à un théâtre de Narbonne auquel elle a fait cadeau d’une ouverture de saison exceptionnelle, une création totalement originale et renversante d’émotion.

Un challenge un peu fou

En noir, donc, et presque en ombre chinoise au tout début, tandis que défilent les images de ce peuple républicain espagnol quittant son rêve fracassé d’une humanité meilleure, la petite-fille d’immigrés annonce la couleur. « Je veux savoir », s’affiche en lettres immenses sur le fond d’une scène qu’elle arpente, pas et mouvement des bras mesurés, pour entrer dans un voyage d’un peu plus d’une heure et quart. La voix est inouïe de gravité et d’intense émotion au fil de chansons qui disent la Retirada, certes, mais plus généralement l’exil, la nostalgie, la force et le courage. On y devine ses questions (« Quedate con migo abuela »), ses propres doutes (« Je te quitte ») mais on y prend surtout de plein fouet ce qu’elle doit au pays de ses ancêtres et à sa langue. Et alors on fredonne avec elle « Piensa en mi », on sent ses poils se lever sur « Anda Jaleo », on fond au duo avec son père Didier Blanc (« Maraguena saberosa ») et quand soudain elle entonne « J’traîne les pieds » en version inédite, on chante avec elle et une larme coule.

Parce que ce café de Marseillette, qui inspira son premier succès, est aussi l’endroit où tout a commencé.